Gargantua : oeuvre comique ou sérieuse ?
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
Gargantua fait suite au premier récit de Rabelais : Pantagruel alors que ce dernier est le fils de Gargantua. Il relate l’enfance du géant, de sa naissance à son accomplissement intellectuel, moral et guerrier.
Au-delà du nombre de chapitres qui constituent autant d’entités narratives indépendantes, le roman propose une certaine continuité au fil des épisodes, évoluant entre un éclat de rire burlesque issu du folklore populaire et la profondeur d’un idéal philosophique…
Problématique et plan : l’œuvre de Rabelais et plus précisément Gargantua, est-elle œuvre comique ou sérieuse ?
Dans un premier temps, Gargantua est un récit profondément comique qui ne laisse pas de place à la mélancolie et qui suscite le rire par divers procédés. Pourtant, le comique est au service d’une réflexion critique, profondément humaniste. Enfin, se profile l’expression d’un idéal philosophique humaniste qui devient emblématique du siècle de la Renaissance.
Exemple :
La description de la taille du héros suscite le rire, de son corps jusqu’aux besoins énormes pour le vêtir et l’alimenter ; des objets surdimensionnés qu’il utilise aux détails scabreux liés à sa taille comme les effets dévastateurs de ses excréments sur les hommes…
Exemple :
Ainsi, l’ouvrage est dédié aux « buveurs » et « vérolés », aux « maladies joyeuses » qui sont les conséquences d’une vie abusant immodérément des plaisirs liés à la nourriture, la boisson et au sexe. Le prologue est bâti comme un boniment de foire, vantant les bienfaits du vin, et imprégnées de l’ambiance festive débridée du carnaval. L’auteur invite le lecteur à l’amusement et à l’ivresse, refusant les conventions nobles du langage rhétorique. Il y a inversion des valeurs comme volonté de puiser dans le langage populaire avec jurons et grossièretés, allusions grivoises des propos « bien ivres »…
- Le néologisme ou l’invention verbale lors des propos « torcheculatifs ».
- Le détournement de proverbes et termes liturgiques adaptés aux nécessités narratives : « L’habit ne fait pas le moine » dont il utilise et le sens propre et le sens figuré...
- Le vocabulaire technique comme la terminologie médicale omniprésente lors de la description des carnages et démembrements occasionnés par les coups de Frère Jean.
- Les latinismes et mots savants, par effet de contraste avec le ton burlesque : « omnis clochabilis, in clocherio clochando, clochans clochativo clochare facit clochabiliter clochantes. » (Chapitre 19)
- Les onomatopées aux effets sonores drôles qui imitent les bruits du quotidien.
- Les calembours et contrepèteries : « une femme ni belle ni bonne, à quoi vaut toile ? » (Chapitre 52)
- Les énumérations exagérées, telle la liste interminable des jeux de Gargantua qui étourdissent à la lecture. (Chapitre 22)
L’objectif est de créer le rire et l’enthousiasme en ironisant cependant sur les discours savants des sophistes, truffés de références et de latinismes qui les rendent inintelligibles… Alors, le comique sert la dénonciation, plus sérieux qu’il n’y paraît de prime abord.
Exemple :
Ainsi le héros n’utilise pas l’arme noble mais des éléments cocasses (l’urine du géant ou de la jument, un arbre, un bâton de croix) ; il n’est pas valeureux et preux mais plutôt fuyard et pillard (les adversaires sont des anti-héros).
Même dans le camp de Gargantua, le combattant est mis à mal : le frère Jean combat au nom du service « du vin » (jeu de mot évident avec le « service divin ») et il n’épargne pas même les repentants. Il jure comme un charretier et combattant avec son bâton de croix devient la parodie des chevaliers croisés.
Doc. 1. Gargantua urinant devant Notre
Dame, illustration de Jules Garnier |
Exemple :
L’auteur dénonce la violence et la déraison d’une guerre de conquête incarnée par Picrochole : il est soumis à la violence de son caractère comme le souligne l’onomastique (« Picrochole=bile amère »). Il incarne ainsi l’homme politique agresseur, la politique de guerre de conquête telle que la menait Charles Quint. Le jugement est alors sans appel puisqu’à la démesure de l’ambition répond la démesure de la défaite.
De même, l’auteur qui a appartenu à l’ordre franciscain puis bénédictin s’en prend à l’aspect formel de la religion. Il dénonce l’emploi des hymnes liturgiques et recueils de sermons évacuant toute interprétation et compréhension. De même, il singe la multiplicité des messes quotidiennes qui conduit à « expédier » les prières au plus vite en les « marmonnant » dans un langage mêlé de latin incompréhensible ou d’un jargon scolastique inintelligible. Les prêches s’éloignent de la vraie vocation de la parole qui est une communication claire, efficace.
La critique va jusqu’au burlesque en vouant le texte liturgique à une fonction soporifique et vomitive, liée au bas corporel, inversant donc la valeur d’élévation spirituelle.
Sous le couvert du mode burlesque, l’auteur parodie les excès de l’éducation scolastique (enseignement médiéval basé sur une connaissance livresque respectant les directives chrétiennes imposées par la Sorbonne) et des érudits « sorbonnards » ou « sorbonnicoles ».
• Une conception de l’art de bien gouverner
Grandgousier est un monarque pacifiste qui œuvre pour la paix en privilégiant le dialogue et la négociation intelligente. Il se résigne à une guerre juste et défensive qui épargne le plus possible les adversaires respectés. Sa description prend le contrepied de l’assaillant violent et avide, qui ne manque pas de rappeler le politique belliqueux qu’est Charles Quint.
• Une conception de l’engagement dans un ordre religieux
Le moine ne peut s’exclure de son temps devant le risque de devenir inutile et paresseux et il ne peut nier son individualité propre, devenant réfractaire à force de contraintes stériles.
• Une confiance en l’intelligence humaine
L’œuvre devient un manifeste en faveur d’un savoir encyclopédique ; une promotion de l’esprit critique privilégiant l’exercice de la raison à la mémorisation futile d’un savoir livresque.
La fiction se met au service d’une réflexion sur la place de l’homme dans le monde : le bonheur est accessible dans une intégration sociale harmonieuse, qui permet le respect de chacun.
• Le besoin de liberté
Ce besoin se devine dans la critique de la contrainte et de la censure, dans les chapitres consacrés à l’abbaye de Thélème. La philosophie libertaire pose d’emblée le lieu comme une anti-abbaye, puisque le premier vœu dans un monastère est l’abdication totale de la volonté propre. Or, « thelema » en grec signifie « libre-arbitre ». L’absence de règle régit toute la communauté. Le refus des lois qui correspondent à la réalité monacale est garant d’une harmonie sociale, d’un épanouissement humaniste.
• Le besoin de sincérité
Il passe par la dénonciation des hypocrites en matière de religion, de politique et de justice. Thélème incarne alors l’harmonie idéale, vers un respect de tous, englobé dans une communauté libertaire et unie.
Sous une apparence d’utopie, sous le signe de l’humour et de l’ironie, l’œuvre de Rabelais est emblématique de son temps et de son dysfonctionnement, nourrissant l’esprit de la re-naissance.
Des quiz et exercices pour mieux assimiler sa leçon
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des quiz et exercices en accompagnement de chaque fiche de cours. Les exercices permettent de vérifier si la leçon est bien comprise ou s’il reste encore des notions à revoir.
Des exercices variés pour ne pas s’ennuyer
Les exercices se déclinent sous toutes leurs formes sur myMaxicours ! Selon la matière et la classe étudiées, retrouvez des dictées, des mots à relier ou encore des phrases à compléter, mais aussi des textes à trous et bien d’autres formats !
Dans les classes de primaire, l’accent est mis sur des exercices illustrés très ludiques pour motiver les plus jeunes.
Des quiz pour une évaluation en direct
Les quiz et exercices permettent d’avoir un retour immédiat sur la bonne compréhension du cours. Une fois toutes les réponses communiquées, le résultat s’affiche à l’écran et permet à l’élève de se situer immédiatement.
myMaxicours offre des solutions efficaces de révision grâce aux fiches de cours et aux exercices associés. L’élève se rassure pour le prochain examen en testant ses connaissances au préalable.
Des vidéos et des podcasts pour apprendre différemment
Certains élèves ont une mémoire visuelle quand d’autres ont plutôt une mémoire auditive. myMaxicours s’adapte à tous les enfants et adolescents pour leur proposer un apprentissage serein et efficace.
Découvrez de nombreuses vidéos et podcasts en complément des fiches de cours et des exercices pour une année scolaire au top !
Des podcasts pour les révisions
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des podcasts de révision pour toutes les classes à examen : troisième, première et terminale.
Les ados peuvent écouter les différents cours afin de mieux les mémoriser en préparation de leurs examens. Des fiches de cours de différentes matières sont disponibles en podcasts ainsi qu’une préparation au grand oral avec de nombreux conseils pratiques.
Des vidéos de cours pour comprendre en image
Des vidéos de cours illustrent les notions principales à retenir et complètent les fiches de cours. De quoi réviser sa prochaine évaluation ou son prochain examen en toute confiance !