Fin de partie : Le langage contre le néant
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Verbe et silence coexistent, dans une relation paradoxale et complémentaire. Fin de Partie se fonde sur un système d’alternance et de cohabitation perpétuel… Le théâtre de Beckett dit la crise du langage : des tentatives de lutte contre le silence et de la dislocation du sens vers un langage du silence…
Problématique :
Comprendre la « crise » du langage évoquée par ce nouveau théâtre, de la lutte contre le néant à la survenue du silence « au-delà des mots »…
Le personnage se place dans une instance de discours où les repères restent vagues. Le langage étant inadapté et impuissant, seul le fait de langue importe. La communication ne témoigne pas d’une volonté de signifier quelque chose, mais seulement d’emplir un vide latent. L’écriture est impersonnelle et a-référentielle, c’est-à-dire sans référence : les personnages se refusent à donner du sens. Beckett privilégie la fonction phatique plutôt que référentielle.
Rappel :
- la fonction phatique : fonction du langage lorsqu’il sert d’outil pour maintenir ou établir une communication, sans signifier réellement quelque chose (« allo » au téléphone).
- fonction référentielle : fonction du langage tournée vers le sens, le contexte.
Exemple : Les personnages larves, sont exempts de toute individualité et ils gazouillent grotesquement : les voix anonymes sont interchangeables. Les échanges entre Nell et Nagg fournissent peu d’informations et ne font pas avancer l’action ; ils créent au contraire un dialogue coupé du reste de la scène. Leur échange se réduit au minimum : une vague interrogation sur leurs fonctions vitales pour la scène (évaluation des capacités visuelles, auditives, donc les éléments indispensables de la survie au théâtre qui n’existe que par la parole et la vue) et des stichomythies (= parties de dialogues courtes et rythmées) qui accentuent l’impression d’incohérence générale. (« Tu me vois ? – Mal. Et toi ? – Quoi ? – Tu me vois ? – Mal. – Tant mieux… » p. 30-31).
N’ayant rien à se dire, rien à signifier, ils maintiennent le contact… Les digressions et exercices de langage ne sont que diversion, divertissement musical. Ainsi, les échanges des vieillards présentent plus de musicalité que de sens, par les allitérations et assonances étourdissantes.
• Contradiction dans les dialogues
Les dialogues se basent souvent sur le principe de contradiction d’une réplique à l’autre : la communication prend l’allure d’une joute verbale, sans réelle importance, sans vraie signification : un simple conflit dérisoire et irréductible. L’acte de communication est contradiction, sans conviction, par acte de langage.
Exemple : Clov et Hamm se contredisent souvent. (p. 43-44 « - Pas besoin de lunette. - Regarde-le à la lunette – Je vais chercher la lunette. » ; « -C’est d’un triste. – Ca redevient gai. »)
• Imprécision des pronoms
De même, les pronoms perdent leur référent, sans déterminer précisément l’identité. La notion de sujet est vague, le pronom du destinataire est tout aussi flou. Les démonstratifs neutres sans référent prédominent précisant que « ça avance. » Les pronoms sont interchangeables comme le sont les personnages : ils ne reçoivent pas de véritable identité et deviennent de simples outils de langue, vides et sans référent.
Exemple : Lorsque Hamm dit « je suis mon cours » (p. 60), le pronom dépersonnalise complètement le locuteur pour évacuer la personne au profit d’un univers indifférencié qui suit un processus, pronom qui se sur-imprime sur l’indéfini dans la réplique de Clov : « Quelque chose suit son cours. »
Les personnages sont en lutte contre le silence qu’ils repoussent. Pour éviter de faire face au silence et à la mort qui progresse, il importe de déployer la parole, garant de l’existence dans l’instant de la communication. L’exercice de la parole reste la seule action possible, et le dialogue, même inefficace, tisse des liens entre les avortons d’humains.
Exemple : Lorsque Clov demande à Hamm à quoi il sert, ce dernier répond : « à me donner la réplique ». La réponse traduit l’intention de Beckett de montrer les rouages du théâtre sur scène par une mise en abime. Toutefois, il dévoile aussi et surtout la comédie de la communication humaine, de la condition humaine : le dialogue et ses failles. Le personnage dit qu’il joue, dit sa dépendance de l’autre. Le dialogue théâtral absurde prend une dimension autre, dévoilant l’homme face au vide de sa condition, en représentation, pour lutter contre le silence.
• Le contact avec l’auditoire par l’interrogation
Les personnages privilégient le mode interrogatif pour maintenir le contact avec l’auditoire. Ayant peu à parler ou signifier, le meilleur moyen de prendre à partie l’interlocuteur est de le questionner, de solliciter sa réponse.
Exemple : Hamm est un exemple de lutte acharnée contre le silence. A ses interrogations totales (qui n’obtiennent comme réponse que oui ou non), Clov répond par des affirmations ou négations laconiques qui clôturent le discours plus qu’elles ne l’entretiennent. Hamm renouvelle incessamment les questions et ordres, en attente d’un échange qui ne peut se développer tant la marge de réponse est mince. Ainsi s’illustre l’échec d’une communication conflictuelle entre tyran et valet ; l’échec de toute communication véritable.
• L’ordre vient au secours des personnages
En ordonnant, le locuteur crée la communication avec le destinataire du message et évite ainsi la vacuité (= état de ce qui est vide) de la scène, de la vie.
Exemple : Hamm multiplie les ordres à Clov. Il emplit le vide sur scène en exigeant « un petit tour(…) le tour du monde » comme si l’univers du huis-clos était à explorer, à emplir de sa présence, d’où sa prédisposition au monopole de la parole. Il est celui qui demande le plus d’écoute, dépendant de la présence de l’autre pour s’épanouir dans une parole qui ressemble pourtant à un soliloque (= monologue).
Le langage dévoile ses carences. Il prend le parti du silence, en dévoilant son incohérence. La parole semble se dissoudre ne présentant plus aucune continuité de sens. Le langage dit la confusion.
Exemple : La parole de Hamm dit son agonie, la sénilité progressant : son récit de l’homme accueilli et de l’enfant abandonné tourne en rond et ne progresse pas, il mélange tous les repères notamment le cadre spatio-temporel… (Le « zéro au thermomètre » devient dans la même narration « un soleil vraiment splendide, cinquante à l’héliomètre ») La parole sombre dans l’absurde et mime la folie avant de s’éteindre sous les yeux du public. La parole de Hamm dit sa mort en direct : « n’en parlons plus ».
• Le langage a une dimension de silence
Le silence textuel « un temps » qui s’intercale entre les paroles rythme le débit des mots comme le débit de la lecture. Le temps de silence rompt le flux de paroles qui s’installe. De même, les moments de pause disent la vie intérieure du personnage et son langage intime. Les blancs rythment le discours, marqueurs de discontinuité.
• Le langage dit le théâtre et le jeu qui se déroulent sur scène
En cela, il annule toute vraisemblance avec une parole réaliste. La langue de Beckett exhibe les rouages du théâtre qui annonce « le dernier soliloque » de Hamm (p. 102). Elle prend conscience de sa fausseté scénique, ou de sa cruelle vérité : la parole dure le temps de la représentation pour se rouvrir incessamment au lever de rideau. Ainsi va la vie, ainsi va le théâtre, ainsi vient le silence ultime d’une fin de partie…
Il marque la souffrance et la mort. Le silence comme non communication est alors défaillance et vide de vie. Lorsque rien ne se passe, seule la parole est en lutte aux frontières du néant, avant que la machine infernale ne se remette en route…
Exemple : Après une question embarrassante (« On est quel mois ? » p. 88), s’impose un silence qui dit le malaise du personnage sans repère. A cet instant de la pièce, le locuteur ou personnage est menacé : la question rompt la continuité d’un dialogue et plonge la scène dans une incertitude temporelle extrême.
• Il est souhaité et repoussé
Les personnages sont en quête de l’ineffable (= qui ne peut être exprimé), de l’innommable, de l’intouchable… Tendre vers le silence sans l’atteindre… dans un silence salvateur et libérateur…
Exemple : Nell rêve d’un naufrage fantasmatique, vers le fond silencieux « si blanc » : tout en elle tend vers l’engloutissement salvateur. Le silence ultime n’est pas achèvement ou mort de la parole, mais renouvellement inéluctable. Après la fermeture du rideau, il se rouvrira sur une parole qui rebondit déjà dans le silence.
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