Faire la paix par la sécurité collective : les actions de l'ONU sous les mandats de Kofi Annan (1997-2006)
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- Quiz et exercices
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Comprendre la politique menée par l’ONU ainsi que les limites de l’organisation en termes de maintien de la paix.
- Le système de « sécurité collective » repose sur l’idée d’une action commune des États dans le cas où un État manquerait à ses obligations en termes de maintien de la paix.
- L’ONU, après la Guerre froide, se voit limitée dans ses possibilités d’actions et tente de redéfinir son rôle.
- Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU de 1997 à 2006, a mis au centre de ses préoccupations les Droits de l’Homme et un « devoir de protéger ».
- Tle (HG G SP) : « Conflits armés du XXIe siècle »
- Portrait Kofi Annan
Le système de « sécurité
collective » est un système de
sécurité visant à réguler les
relations internationales.
D’autres systèmes ont marqué les
périodes précédentes :
- le principe de l’équilibre des puissances au XIXe siècle ;
- la dissuasion nucléaire durant la Guerre froide.
Sa mise en œuvre suppose alors un ensemble de principes, d’institutions et de mécanismes de contrôle. Le rôle de l’ONU est donc prépondérant dans ce système :
- le chapitre VII de la Charte des Nations unies autorise les interventions militaires dans le monde, mais avec l’accord du Conseil de sécurité ;
- l’État qui menace le maintien de la paix peut donc s’attirer une sanction ;
- l’ONU reconnait le droit à la légitime défense (article 51), mais c’est au Conseil de sécurité de « prendre les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».
Dans le contexte de fin de la Guerre froide, le Secrétaire général des Nations unies Boutros Ghali présente en 1992 un Agenda pour la paix qui comporte trois axes :
- la diplomatie préventive des conflits (peacemaking) : utiliser la médiation et la négociation pour faciliter la résolution de conflits ;
- le maintien de la paix dans les zones à risque de conflits (peacekeeping) : déployer des troupes de l’ONU (« casques bleus ») pour empêcher les hostilités sur site, maintenir le cessez-le-feu, protéger les populations ;
- l’imposition de la paix (peace enforcement) : application de mesures coercitives en cas de menace à la paix telles que l’usage de la force militaire.
Depuis cette date, les Nations unies disposent d’un Département des opérations de maintien de la paix, fournissant un appui administratif et technique aux missions.
L’Organisation des Nations unies fait face à des difficultés diverses au sortir de la Guerre froide :
- Durant la Guerre froide, l’ONU est nettement en retrait compte tenu de la bipolarisation des relations internationales.
- Aucune des grandes opérations de la première moitié des années 1990 n’a été un succès.
- L’institution suscite la méfiance des États-Unis, qui s’inquiètent de ce qu’ils considèrent comme une certaine ingérence dans leurs relations internationales. Ainsi, Boutros Ghali n’est pas réélu en 1996 suite à son Agenda pour la paix.
De plus, l’ONU doit se redéfinir compte
tenu des évolutions en matière de
relations internationales. Ses missions se
diversifient. Traditionnellement, elle menait des
opérations de maintien de la paix
(peacekeeping) dite de
« première
génération », qui consistaient
à jouer le médiateur dans le conflit
entre les deux parties.
Avec la diversification des conflits et des menaces
(guerres civiles, terrorisme, etc.), l’ONU
s’attache également à
« l’après » :
reconstruction, gestion des déplacés,
démobilisation des combattants, etc.
Parallèlement, l’organisation
s’intéresse aussi à la question du
développement des pays touchés.
Ce sont les opérations de
« deuxième
génération ».
Kofi Annan est né en 1938 au sein d’une
famille aristocratique du Ghana. Le pays est alors une
colonie britannique.
Il parle couramment l’anglais, le français
et plusieurs langues africaines.
Il étudie l’économie puis
intègre l’Organisation mondiale de la
santé en 1964. Il occupe ensuite une
série de postes au sein de l’ONU.
Il devient le 7e secrétaire
général des Nations unies le
1er janvier 1997. Le
29 juin 2001, sur recommandation du Conseil
de sécurité, il est réélu
par acclamation pour un second mandat qui arrive
à échéance le 31
décembre 2006. Kofi Annan a reçu le
Prix Nobel de la Paix en 2001.
Son successeur est le Coréen Ban Ki-Moon.
Kofi Annan est décédé en 2018
à l’âge de 80 ans.
Les opérations de maintien de paix connaissent une nouvelle vitalité sous les mandats de Kofi Annan. Ce dernier s’intéresse fortement à la question des droits de l’Homme :
Il dénonce avec force les crimes de guerre au
Rwanda (1994), avant d’être nommé
Secrétaire général. Il
déplore notamment le fait que les membres du
Conseil de sécurité avaient retiré
les casques bleus au début du
génocide.
À la fin du conflit, il développe
l’idée forte d’un « devoir de
protéger » incombant à l’ONU.
Cela revient à une forme de devoir
d’ingérence. Il regrette
l’échec de l’ONU en Bosnie, peu de
temps après.
Après le massacre de Srebrenica, il
déclare : « il est tragique que
la diplomatie ait échoué. Mais il y a des
moments où le recours à la force peut
être légitime pour poursuivre la
paix ».
Il s’investit dans de nombreux sujets politiquement délicats :
- intervention auprès de Saddam Hussein pour que l’Irak accepte les résolutions du Conseil de sécurité ;
- au Nigeria pour promouvoir la transition à un pouvoir civil ;
- certification du retrait israélien du Liban en 2000.
Il commande plusieurs rapports sur les causes des
conflits en Afrique, ainsi que sur les échecs de
l’ONU ayant mené à Srebrenica et
face au génocide rwandais.
Durant ses mandats, le nombre de théâtres
d'opérations augmente en continu. Les casques
bleus sont 20 000 en 1997 et plus de 90 000
en 2006.
Dans les dernières années de son mandat,
la guerre d’Irak menée par George W. Bush
est un échec pour l’ONU. Les
États-Unis, arguant de l’existence
d’armes de destruction massive en Irak (ce qui
finira par être démenti), lancent
l’opération « Iraqi
Freedom » le 20 mars 2003. Ils
sont à la tête d’une coalition
formée avec le Royaume-Uni et l’Australie,
sans l’aval du Conseil de sécurité
de l’ONU. Cette décision est donc une
violation de la Charte.
Kofi Annan lance alors une réforme en
profondeur. À l’occasion du
70e anniversaire de l’ONU, il
réunit plus de 170 chefs
d’État et de gouvernements pour
réaffirmer leur soutien à la
sécurité collective
élaborée en 1945.
Malgré cette volonté affichée,
à la fin de son 2e mandat en
2006, l’ONU n’a pas réellement
été réformée. Les blocages
perdurent, comme a pu le montrer l’échec
de la guerre civile syrienne. Le « devoir de
protéger » n’a pas abouti.
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