De nouvelles puissances émergentes au Sud : le bouleversement de la mondialisation
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Afin de déterminer si un État est émergent ou non, le politologue Christophe Jaffrelot a établi la liste de critères suivants :
• la croissance économique de l'État est forte et durable malgré la pauvreté du pays ;
• l'État est stable et interventionniste ;
• le pays témoigne d'un certain désir de participer aux affaires du monde.
Les États émergents sont des pays à forte croissance économique sur une période suffisamment longue pour permettre un décollage économique et une hausse du niveau de vie des habitants.
Ils répondent à la règle des cinq « E » : État, éducation, entreprise, épargne, économies tournées vers l'exportation.
• Deux exemples concrets
Le cas de l'Inde
Depuis 1991, ce pays s'est nettement développé tout en s'intégrant dans la mondialisation. Sa croissance économique, selon les années, oscille entre 6 et 8 % (à titre de comparaison, elle était de 1,5 % pour la France en 2010). Cette croissance a généré plusieurs millions de créations d'emplois et a fait naître une nouvelle classe moyenne qui compte de 50 à 70 millions de personnes : désormais, les Indiens de cette nouvelle classe ont les moyens de consommer, d'avoir – pour certains – accès à la propriété, de s'acheter un véhicule, un téléviseur, du matériel électroménager...
L'intégration de l'Inde dans la mondialisation a donc entraîné une croissance sans précédent dans le pays, contribuant ainsi à améliorer le bien-être d'une bonne partie de ses habitants.
Le cas de la Chine
« [Gao] a décidé de quitter
l'imprimerie d'État [...] pour [...]
créer, avec l'aide financière de
son cousin revenu d'Allemagne, cette agence de
publicité. Tout à l'heure, il a
fait avec ses amis un dîner somptueux dans
le restaurant voisin [...]. Âgés de
20 à 45 ans, issus du nouveau secteur
privé, architectes, avocats,
entrepreneurs, artistes, ils sont tous à
la recherche d'une notion que la Chine communiste
avait oubliée [...] : le plaisir.
[...] [Dans la Chine des années 1980,] tous les volets roulants tombaient [à la tombée de la nuit]. Aucun lieu de sortie, passé le seuil fatidique de 19 heures. Les cartes des restaurants étaient [...] déprimantes. [...] Désormais, c'est au contraire l'abondance : d'enseignes, de plats et de fumets. [...] Croiriez-vous que le premier bar a ouvert en 1994 ? [...] Aujourd'hui, il est impossible de tous les recenser. Même profusion sur les marchés, dans les magasins qui regorgent de vêtements, chaussures ou lingerie ». |
D'après l'article de Caroline Guel « L'éveil aux "douceurs délicates". Gastronomie, jeu, libertinage. Le plaisir retrouve droit de cité. » publié sur le site de Libération, le 1er octobre 2009. |
Le niveau de vie de la population chinoise a globalement augmenté, et le revenu par habitant s'est nettement amélioré. En moyenne, on considère qu'il se serait accru de 8,5 % entre 1980 et 2005.
Au-delà de ce constat, la Chine réunit les principaux critères qui font d'elle un pays considéré comme « émergent » :
Son PIB (Produit intérieur brut) par habitant reste très inférieur à celui des pays développés. En 2010, son PIB par habitant était de 4 300 dollars environ (à titre de comparaison, celui de la France était de 41 018 dollars et celui de la Norvège atteignait les 84 443 dollars). Ce PIB sert d'indicateur pour évaluer le niveau de vie de la Chine par rapport aux autres pays : celui-ci a justement tendance à converger vers celui des pays du Nord.
• Les BRICS (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud)
Les BRICS sont considérés comme les marchés les plus prometteurs de la planète en 2001. Ce groupe – non officiel – d'États a pris des mesures pour renforcer la coopération financière et les investissements mutuels. Il devrait, selon le FMI (Fonds monétaire international), représenter 61 % de la croissance mondiale en 2014.
Parmi les BRICS, la Chine arbore depuis plus de 10 ans une croissance à deux chiffres et détient le 2e PIB mondial depuis 2011.
Certains spécialistes estiment que les BRICS représenteront 40 % de la croissance économique mondiale vers 2025. La Triade est d'ailleurs de plus en plus concurrencée par les BRICS, qui s'insèrent rapidement dans la mondialisation grâce à une explosion récente des échanges et des investissements effectués dans les pays du Sud (Investissements directs à l'étranger).
Certains États des BRICS peuvent aujourd'hui se prévaloir d'être à l'origine d'un modèle culturel qui concurrence avec succès l'« American Way of Life » : c'est notamment le cas de la culture Bollywood en Inde.
• Les atouts des BRICS
Quatre d'entre eux sont des pays-continents.
Par ailleurs, la Chine est un État exportateur manufacturier hypercompétitif, l’Inde se spécialise dans les services informatiques, le Brésil est un agro-exportateur redoutable et la Russie mise sur ses atouts énergétiques (gaz naturel et pétrole).
• Les entreprises des BRICS à l’assaut du monde
Le Boston Consulting Group (BCG) a identifié en 2007 les nouveaux champions industriels : sur les 100 premières entreprises de la planète, 41 étaient des entreprises chinoises, 20 indiennes, 13 brésiliennes et 7 russes, pour un total de 81 !
• Le N11
On l'appelle également le « groupe des 11 » : Indonésie, Mexique, Turquie, Nigeria, Philippines, Iran, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Thaïlande, Vietnam et Venezuela.
• Le E7
Il s'agit des BRIC (sans l'Afrique du Sud) auxquels s'ajoutent le Mexique, l'Indonésie et la Turquie.
Certains experts estiment que leur PIB total devrait dépasser avant 2020 celui du G8.
Rappel :
Le G8 est un groupe de discussion et de partenariat économique de 8 pays parmi les plus puissants du monde sur le plan économique : il rassemble en effet les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, le Canada et la Russie.
• L'IBAS ou G3:
La création de l'IBAS (Inde, Brésil, Afrique du Sud) a eu lieu en 2003 : une concertation politique et économique entre ces États émergents a été ainsi mise en place, avec pour objectif de renforcer la coopération Sud-Sud (c'est-à-dire des États du Sud entre eux). Cela concerne notamment la prise de décisions économiques et politiques sur le plan international.
• Sur le plan économique et financier:
Les économies de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de bien d’autres pays autrefois considérés comme sous-développés s’imposent aujourd’hui comme les grandes gagnantes de la mondialisation.
L’économiste François Heisbourg qualifie les pays émergents de « vainqueurs » de la crise alors que l’Europe et le Japon n'en seraient que les « éclopés ». On peut effectivement noter qu'en 1990, les échanges Nord-Nord représentaient 58 % du commerce mondial : ils sont tombés à 41 % en 2008. La crise économique et financière qui agite le monde depuis 2007 accélère le processus de rattrapage de certains États avec la mondialisation.
Nombreuses sont les grandes entreprises françaises de l'industrie et des services qui perçoivent les pays « émergents » comme un terrain de chasse privilégié pour leurs investissements. Les BRICS sont bien sûr dans leur ligne de mire, mais c'est également le cas d'autres pays d'Asie, d'Amérique latine voire d'Afrique (Vietnam, Thaïlande, Colombie, Maroc...) ou encore d'Europe de l'Est.
• Sur le plan politique et diplomatique
À la conférence de Cancún, en 2003, le G23 (groupe de 22 pays + l'Union européenne) s'est substitué au G8. Le Brésil s'y est imposé comme le grand défenseur des intérêts des pays émergents. Son président a milité pour que le monde passe à un fonctionnement multipolaire.
Aujourd'hui, le G23 favorise la concertation internationale et prend en compte les avis d'États dont la Triade faisait peu de cas jusque-là. L'influence de cette dernière se dilue au profit des pays émergents qui s’organisent à travers l’Organisation de coopération de Shanghai qui réunit la Chine, la Russie et l’Inde : ils gèrent ensemble l’Asie centrale.
La Chine s’intéresse déjà de très près au continent africain, riche en ressources naturelles et en marchés potentiels, dans le but de former une « Chinafrique ».
Les États émergents multiplient les réunions pour peser sur la gestion des affaires du monde. Le président brésilien a engagé avec succès son pays sur des thèmes internationaux, ce qui a contribué à l'introduire dans les principaux débats de la planète. En 2009, il est d'ailleurs parvenu, avec la Turquie, à convaincre l'Iran d'assumer les engagements prévus dans la déclaration de Téhéran (sujets qui, jusque-là, étaient l'apanage des seuls membres du Conseil de sécurité de l'ONU), après avoir tenu tête à l'administration américaine en s'opposant fermement à de nouvelles sanctions.
En 2010, le Brésil et la Turquie on tenté de résoudre l’épineux dossier du nucléaire iranien : c'était une première qui mettait en relief l’échec de la diplomatie occidentale dans les règlements de conflits.
• Des États entre Sud et Nord
À travers ce tableau, plusieurs indicateurs du développement sont pris en compte pour établir un classement des pays : l'indice de développement humain dans le monde (IDH), le produit intérieur brut par habitant (PIB/habitant), la durée moyenne de scolarisation.
Observons où se situe le Brésil par rapport à ces indicateurs.
Classement IDH 2011 (exemples choisis) | |
Norvège | 1ère place |
États-Unis | 4e place |
Allemagne | 9e place |
France | 20e place |
Brésil | 84e place |
Chine | 101e place |
Inde | 134e place |
Niger | 186e place |
Composantes de l'IDH 2011 (exemples choisis) | |||
Espérance de vie à la naissance (en années) |
Durée moyenne de scolarisation (en années) |
RNB/PA (en dollars) |
|
Norvège | 81,1 | 12,6 | 47 557 |
États-Unis | 78,5 | 12,4 | 43 017 |
Allemagne | 80,4 | 12,2 | 34 854 |
Brésil | 73,5 | 7,2 | 10 162 |
Chine | 73,5 | 7,5 | 7 476 |
Inde | 65,4 | 4,4 | 3 468 |
Gambie | 58,5 | 2,8 | 1 282 |
Niger | 54,7 | 1,4 | 641 |
Rappel :
L'IDH est un indice qui se fonde à la fois sur l'espérance de vie à la naissance, le niveau de vie et le niveau d'éducation.
Le PIB permet de mesurer la richesse d'un pays.
Nous pouvons ici observer que :
- L'IDH brésilien est convenable ;
- La majeure partie des Brésiliens est alphabétisée ;
- En revanche, son taux de mortalité infantile demeure encore élevé ;
- Son PIB est très moyen.
Le Brésil se trouve donc dans une situation intermédiaire entre les résultats des pays du Nord (les pays riches) et ceux des pays du Sud (les pays pauvres). Il est réellement une puissance émergente : il est parvenu à sortir de sa situation de pays du Sud grâce à sa croissance économique, aux importants progrès accomplis en matière de mortalité infantile et d'alphabétisation. Il n'a toutefois pas encore résolu totalement certains problèmes graves, comme par exemple celui de l'accès aux services de santé pour tous.
• Des tensions sociales fortes
La croissance et l'émergence d'une classe moyenne qui profite des bienfaits de l'intégration de ces pays dans la mondialisation avivent les tensions sociales. Les États émergents doivent faire face à des maux identiques à ceux des pays mondialisés : chômage élevé, violence structurelle, importantes inégalités sociales…
• Une croissance économique trop dépendante de l'extérieur
Les États émergents doivent recentrer leur croissance sur leur marché intérieur. Le Mexique, par exemple, est trop dépendant de la manne pétrolière de Washington, et des cartels de la drogue qui contrôlent une bonne partie du nord du pays.
• Les pays émergents ne forment pas encore une association d'États véritablement alliés
Les BRICS forment une association qui est certes un levier d’affirmation sur la scène internationale, mais restent trop hétéroclites pour composer une réelle alliance. Les antagonismes sont forts entre Pékin et New Delhi – les deux géants asiatiques rivaux – ou entre Pékin et Moscou quand, dans une Sibérie riche en matières premières et énergétiques, 7 millions de Russes font face à 70 millions de Chinois qui en sont totalement dépourvus (et en sont devenus les premiers consommateurs de la planète).
Les États émergents sont principalement des pays du Sud dont le PIB (Produit intérieur brut) reste inférieur à celui des pays développés du Nord, mais dont la croissance économique est forte. Cette dernière a été rendue possible par l'intégration – par le biais d'échanges commerciaux intensifs – de ces pays à la mondialisation (importations, exportations, accueil de FTN...). Cette croissance économique s'est traduite par une certaine amélioration du niveau de vie de leurs populations.
L'IDH (Indice de développement humain) des pays émergents ne rejoint pas ceux du Nord, mais a beaucoup progressé ces dernières années. Sur le plan économique, ce sont aujourd’hui de véritables concurrents pour les pays riches.
Néanmoins, les bénéfices tirés de ces améliorations économiques ne sont pas les mêmes pour tous et partout. L'écart se creuse également entre les régions industrialisées qui sont des centres d'impulsion dynamiques et privilégiés de la mondialisation, et les régions rurales oubliées de la croissance et du développement.
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