Constater que la vérité change avec le temps doit-il incliner au scepticisme ?- Terminale- Philosophie
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Comprendre si la relativité de la vérité conduit au scepticisme
- La vérité, à l'image du monde, est en mouvement perpétuel, n'est pas fixe.
- Cependant, le doute n'est pas antinomique de la vérité.
- Une certitude peut ne pas être absolue : elle est vérité tant qu'on n'a pas prouvé le contraire.
Constater que la vérité change avec le temps,
c’est admettre en même temps que la
vérité n’est pas, par essence,
définitive. Elle évolue, elle se transforme. Ce
que nous admettons pour vrai dans un temps donné,
à une époque donnée, n’est plus
considéré comme vrai à
l’époque suivante. En général,
nous appréhendons la vérité d’un
point de vue chronologique : la vérité
progresse parce que nos connaissances augmentent,
s’enrichissent. C’est par conséquent ce
qui explique qu’une vérité puisse devenir
« fausse » : elle se trouve en
quelque sorte
« dépassée » par des
vérités nouvelles. Par exemple, la physique
d’Einstein, au centre de laquelle se trouve la
théorie de la relativité,
« annule » la physique de Newton ;
à son tour la physique quantique, basée elle
aussi sur la relativité, tout en tentant de la
dépasser, « annule » certaines
données propres à la théorie de la
relativité.
Mais si une vérité ne peut être
définitivement être considérée
comme vraie, doit-on pour autant admettre qu’il
n’existe pas de vérités, comme
l’affirme, globalement, le courant sceptique ?
Doit-on ainsi, par principe, douter de tout ?
Si l’attitude sceptique consiste à affirmer,
entre autre, que nous ne pouvons jamais être certain
d’avoir atteint la vérité,
puisqu’elle change avec le temps, doit-on cependant en
déduire que la vérité n’existe pas
?
Si la vérité ne peut être
établie de façon durable, c’est
parce que le monde se modifie sans cesse.
« On ne se baigne jamais deux fois dans le
même fleuve », dit Héraclite
(576-480 av. J.-C.). Cette affirmation selon
laquelle rien n’est stable, principalement au
sein de la nature, fait d’Héraclite le
père du courant relativiste. Nous ne
pouvons jamais être assurés de rien.
À Héraclite on oppose, traditionnellement
dans l’histoire de la philosophie,
Parménide (540-450 av. J.-C.) qui affirme
au contraire que le monde est immuable et permanent.
Parménide récuse le changement :
soit l’être est, soit l’être
n’est pas. L’existence et la non-existence
des choses ne peuvent tenir ensemble.
Montaigne (1533-1592) dira que « le monde est une branloire pérenne » : le monde « branle », se meut éternellement. Nous ne pouvons prendre pied. L’âme humaine, en outre, est à l’image de la nature :
(Essais, III, II)
On ne peut toutefois se résoudre à faire de Montaigne un sceptique absolu : croire que les vérités sont établies, c’est commettre une erreur. Paradoxalement, en effet, si Montaigne se méfie des vérités, c’est parce qu’il craint l’erreur. Nous n’avons pas la clé du monde, et penser que l’on peut s’en emparer est, finalement, aberrant. La pensée de Montaigne ne pourrait donc être résumée au célèbre « que sais-je ? ». Merleau-Ponty va jusqu’à affirmer, dans une préface aux Essais (Gallimard, 1960), que si Montaigne « multiplie les contrastes et les contradictions, c’est que la vérité l’exige ».
Il est parfois nécessaire de douter pour
que certaines vérités
s’établissent. Si le doute sceptique est
l’équivalent de
l’épochè des Grecs,
c’est-à-dire équivalent à la
« suspension du
jugement », c’est parce que la
vérité est trop difficile à
trouver pour que nous puissions y souscrire
précipitamment. Le sage est, par
conséquent, celui qui s’abstient de juger
trop vite.
Le philosophe écossais David Hume (1711-1776)
est lui aussi, comme Montaigne, considéré
comme un penseur « sceptique »,
mais son scepticisme est jugé plus
« modéré », dans la
mesure où Hume critique davantage la croyance et
les habitudes, qui nous font penser que telle ou telle
chose est vraie, que la possibilité
d’atteindre la vérité
elle-même.
Au doute sceptique on oppose le doute méthodique, point de départ de la philosophie de Descartes (1591-1650). Le doute devient, avec Descartes, à la fois un processus et une méthode, grâce auxquels on pourra parvenir à la vérité. À l’origine de ce doute est la conviction qui anime Descartes, selon laquelle les vérités de son temps sont fausses :
(Méditations métaphysiques, 1641, Première Méditation).
On comprend ainsi que la vérité ne pourra être établie que lorsque les prétendues vérités de son temps auront été détruites ; il faut donc établir une méthode, c’est-à-dire procéder avec ordre et de manière rigoureuse, afin que ces vérités puissent être analysées et « déconstruites ». Le processus mis en œuvre est celui d’un « doute radical », dans la mesure où il faut douter même de ce qui n’est que « vraisemblable ». C’est pourquoi ce doute « radical » est dit « hyperbolique », c’est-à-dire exagéré ; d’où l’hypothèse, proposée par Descartes, d’un « malin génie », qui serait là pour lui montrer que tout est faux :
(Méditations métaphysiques, Première méditation)
Ainsi, les vérités pourront être rétablies, de façon certaine. Descartes ne doutera plus de l’existence de ces vérités.
Le statut épistémologique de la vérité change, au XXe siècle, avec notamment la contribution de Karl Popper (1902-1994), qui pose la question suivante : « À quelle condition la vérité est-elle scientifique ? ». Nous avons en effet l’habitude de supposer qu’une vérité est scientifique lorsqu’elle est universelle, et immuable. Elle ne peut pas, à ce titre, « changer avec le temps », sans quoi elle se discrédite, précisément, en tant que vérité. Or, Popper estime qu'une vérité scientifique est potentiellement falsifiable et qu'on peut donc en tirer de fausses prédictions. Un énoncé scientifique qui est valide est un énoncé qui est en fait actuellement non falsifié. Pour Popper, une réfutation réussie prouve l’invalidité d’une thèse, sans réserve. En revanche, une thèse qui a surmonté une tentative de réfutation est une thèse non prouvée fausse mais pas positivement établie. La proposition scientifique est par nature révocable, c’est-à-dire sujettes à révision car rien n’interdit jamais de penser qu’une falsification ultérieure est possible. C’est pour cette raison qu’un énoncé scientifique non prouvé faux est appelé vérisimilaire : ce qui ne veut pas dire « vraisemblable » mais « dont la réfutation est actuellement hors de notre portée ». Une théorie est scientifique, donc, si elle reste « ouverte » ; en demeurant ouverte (à l’expérimentation, à la testabilité), elle est susceptible d’évoluer. Les progrès, ainsi, sont infinis : la vérité est une sorte de chantier permanent, une vérité est toujours en sursis. Selon le même raisonnement, les théories « fermées » - c’est-à-dire les théories qui se considèrent, du point de vue de leur validité, comme définitives - ne sont pas scientifiques, puisqu’elles ne peuvent pas être testées, et ne sont donc pas susceptibles d’être modifiées.
Popper donne l’exemple de la psychanalyse
et du marxisme, disciplines qui en leur temps,
prétendaient à accéder au statut
de « sciences exactes ». Elles ne
sont pas des sciences exactes, explique Popper, dans la
mesure où il est impossible de remettre en cause
des principes, établis par elles, de
manière définitive. Les marxistes ne
voudront ainsi jamais renoncer à la
théorie de la dictature du prolétariat,
de même que les freudiens n’accepteront pas
de contester le bien-fondé de la structure de
l’inconscient chez Freud. Ces deux types de
théories sont donc
« fermées », parce que non
critiquables, et à ce titre ne peuvent
être qualifiées, aux yeux de Popper, de
« scientifiques ».
Une vérité, si elle est scientifique,
doit pouvoir évoluer avec le temps. Une
vérité qui ne serait pas
définitive n’en est pas moins une
vérité, bien au contraire : pour parvenir
à la vérité, on commet
nécessairement des erreurs. L’erreur fait,
à ce titre, partie de la vérité.
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