Berlin, la ville
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En quatre décennies, sa population triple. Sa jeunesse peut à elle seule expliquer le goût de Berlin pour la modernité, ce qui lui a permis de soutenir la comparaison avec les métropoles américaines. Ainsi, hormis pendant la période nazie, Berlin est l'un des phares culturels et scientifiques de l'Occident.
Une multitude d'édifices sortent de terre, dont
la caractéristique principale semble être
de devoir paraître aussi monumentaux que
possible.
Ainsi sont élevés la cathédrale
de Berlin, inaugurée en 1905, de nombreuses
églises, des hôtels de
ville, des musées, mais aussi de
grands hôtels, des palaces,
symboles de la prospérité
économique d'alors.
La plupart de ces bâtiments, souvent très académiques dans leur conception, seront détruits lors des bombardements et des combats de rue de la seconde guerre mondiale.
Dans ce cadre aussi solennel que conformiste se développe pourtant une société prodigieusement dynamique. Berlin profite de toutes les grandes inventions de l'époque : électricité, téléphone, automobile, tramway, cinéma, etc.
Berlin a son impressionnisme, qui
lui-même, quelques années plus tard, est
remis en cause par les expressionnistes. Le
peintre norvégien Edvard
Munch, qui habitait un temps à Berlin
a eu une grande influence sur ces derniers.
Les expressionnistes de Die Brücke
s'installent à partir de 1908 à Berlin,
et leur peinture en est radicalement
changée : à nouveau
thème, celui de la ville tentaculaire, nouveau
style.
C'est enfin à Berlin qu'est fondée en
1910 la revue Der Sturm (« La
Tempête ») par le visionnaire
Herwarth Walden, qui
a un rôle de premier ordre dans la diffusion de
l'expressionnisme en Allemagne et dans le monde.
Walden n'est pas un
artiste mais un passionné d'art
moderne.
A la suite de la création de sa revue, il
organise des expositions dans sa galerie, ouverte en
1912, découvrant notamment, en 1913, les jeunes
artistes russes Archipenko et Chagall.
La littérature, la poésie, le théâtre, le cinéma, la musique, l'opéra témoignent de la même vitalité.
Selon l'écrivain Stefan Zweig, viennois
d'origine, cette vitalité peut être
mise sur le compte de la jeunesse de la
cité par :
« Le fait même qu'il n'y ait pas de
tradition, pas de culture séculaire, excitait la
jeunesse à tenter les
aventures ».
Excitation qui retombe dramatiquement pendant la
Première Guerre Mondiale, pour reprendre de plus
belle durant les années 20.
Cependant, les Berlinois ont été les premiers bénéficiaires de la stabilisation qui suivit la réforme monétaire et qui permit à l'Allemagne de renouer avec la prospérité, jusqu'à la crise mondiale de 1929.
Ici, les Années Folles s'appellent les « Goldene Zwanziger », les « Années d'or ».
Dès la stabilisation de 1925, les touristes affluent, attirés par cette réputation sulfureuse.
On fréquente alors les grands spectacles de variétés (parmi lesquels on trouve des revues nues), des cabarets littéraires où brillent des poètes talentueux, mais aussi des établissements plus douteux, parfois gérés par la pègre locale.
Le théâtre n'est pas en reste, avec Bertold Brecht en auteur de génie, Max Reinhardt et Erwin Piscator, qui les premiers exploitent toutes les possibilités d'une nouvelle forme de création, inaugurée à Berlin : la mise en scène.
• D'abord avec le cinéma muet et des films mythiques tels que Le Golem de Paul Wegener, Nosferatu le vampire de Murnau ou Metropolis de Fritz Lang.
Doc. Nosferatu le vampire de Murnau |
• Puis avec le cinéma parlant, de 1929 à 1932, dont les chefs-d'œuvre sont Le testament du Dr Mabuse et M le Maudit de Fritz Lang, ou encore L'Ange bleu de Josef von Sternberg.
L'expressionnisme, qui n'est pas berlinois d'origine et qui, dans la peinture, est en déclin depuis 1914, trouve un second souffle dans le cinéma produit à Berlin : son esthétique influence les décors, les intrigues, ses thèmes de prédilection passent de la métaphysique humaniste à la fascination pour le mystère, la magie, les forces obscures, le morbide : la guerre est passée par là, ses horreurs ont marqué plus d'un artiste.
En peinture, le mouvement iconoclaste Dada
prétend remplacer l'expressionnisme tel qu'il
existait avant-guerre.
Les artistes s'en réclamant, Otto Dix, George Grosz, John
Heartfield, choisissent le scandale et la
provocation, avec une forte connotation politique
et des sujets crus, tirés des recoins sombres de
la grande ville : prostituées, invalides de
guerre, mendiants. Collages et photomontages deviennent
leurs techniques de prédilection.
Lorsque le mouvement Dada s'essouffle, un autre le remplace vers 1922-1923, qui renoue avec la peinture figurative et une représentation plus naturaliste de ses sujets, mais toujours marquée par la même inquiétude : on l'appelle Neue Sachlichkeit, « Nouvelle Objectivité », à laquelle adhèrent George Grosz et Otto Dix, Max Beckmann et Christian Schad.
Durant les trois premières décennies du
20e siècle, Berlin accède
au statut de grande métropole mondiale, au
même rang que Paris, Londres ou New York.
Dès 1900, la vie culturelle y est d'une grande
richesse, de fastueux travaux de construction sont
entrepris, Berlin devient la vitrine de l'Empire de
Guillaume II. La ville attire les esprits les plus
brillants dans tous les domaines : lettres, arts,
sciences.
La guerre jette une ombre sur la ville, la
misère et les violences politiques la gagnent et
perdurent longtemps après la défaite et le
remplacement de l'Empire par la république de
Weimar.
Pourtant, les artistes restent et se font les
témoins et les acteurs d'une vie plus
trépidante que jamais, mais désormais
hantée par l'inquiétude et un
désespoir qui autorisent la chute de tous les
tabous.
Seule la venue des nazis au pouvoir, en 1933, mettra fin à ces heures d'une richesse jamais retrouvée depuis.
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