Autorité, auteur, autrice
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Comprendre les notions d’autorité et d’auteur.
- La notion d’autorité est sujette à discussions.
- En tant qu’ascendant sans exercice de la violence, elle peut sembler positive.
- Mais les chercheurs en psychologie sociale, en philosophie et en rhétorique attirent notre attention sur le phénomène d’emprise et de manipulation qu’elle peut engendrer, transformant les personnes en simples agents soumis à une autorité extérieure.
Dans la Grèce antique, dans l’agora ou l’ecclesia (lieux où les citoyens athéniens s’assemblaient pour débattre et voter les lois), chaque citoyen avait un droit égal à la parole. Cependant, le nombre d’orateurs était plutôt faible. Ce rôle était limité aux plus âgés ou aux plus expérimentés, aux hommes d’État, à ceux qui avaient reçu des honneurs, à ceux qui savaient parler en orateurs accomplis… Bref, ceux dont on dit qu’ils font autorité. Mais que comprendre derrière ce mot qui véhicule des valeurs ambivalentes, entre respect et remise en cause ?
Le mot « autorité » vient du latin auctoritas, issu du latin auctor (auteur), qui désigne le fait d’être auteur, c’est-à-dire fondateur, instigateur, garant ou responsable d’une œuvre. L’autorité désigne en français le droit de commander, le pouvoir, la capacité à se faire obéir, l’ascendant, ou le crédit qu’on accorde à des propos ou à quelqu’un.
L’autorité est un pouvoir qui s’exerce idéalement sans contrainte, sans menace et sans argumenter. Elle se distingue donc de la force, de la violence, mais aussi de l’autoritarisme, la domination ou la tyrannie. Selon la philosophe Hannah Arendt, l’autorité suppose l’obéissance et la liberté à la fois : « Là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. » (La Crise de la culture, 1972). L’autorité se trouve liée à l’idée de hiérarchie dont chacun reconnait la légitimité.
La notion d’autorité se voit régulièrement interrogée, remise en cause, voire malmenée. Au cours du XIXe et du XXe siècles, la religion et la tradition ont vu leur influence diminuer, ce qui a laissé peu de figures d’autorité. L’esprit des Lumières (« Ose te servir de ton propre entendement ») puis l’esprit critique invitent à questionner et se méfier de l’autorité. Cette notion peut même disparaitre au profit d’autres principes, jugés plus justes et efficaces. Par exemple, dans certaines organisations dites « opales », chaque salarié de l’entreprise se trouve en position de responsabilité (Frédéric Laloux, Reinventing Organizations, 2015).
La soumission à l’autorité a pu entrainer nombre de situations qui semblent aujourd’hui révoltantes. Après le procès d’Adolf Eichmann, qui a organisé et participé au génocide juif pendant la Seconde Guerre mondiale, Hannah Arendt soutint la thèse que c’est au nom du respect de la hiérarchie et de la soumission à l’autorité qu’il se rendit responsable de la mort de millions de juifs.
Cette théorie selon laquelle on peut amener des gens ordinaires à commettre des actes cruels par soumission à l’autorité a été testée dans le cadre d’une expérience de psychologie sociale célèbre et controversée : l’expérience de Stanley Milgram. Des personnes croient participer à un protocole scientifique pour améliorer la mémoire et l’apprentissage. Un homme qui se présente comme un scientifique les invite à sanctionner par des décharges électriques une tierce personne lorsqu’elle ne répond pas correctement. L’intensité des décharges est telle que l’acteur hurle et se débat. Cependant, sous l’impulsion du scientifique qui insiste pour que l’expérience se poursuive, la plupart des participants continue d’appuyer sur le bouton et à envoyer des décharges violentes. En réalité, la personne soumise aux chocs électriques simule la douleur : l’objectif n’est pas de tester la mémoire et l’apprentissage, mais la soumission à l’autorité, ici incarnée par un scientifique. Cette expérience souligne le fait que même sans contrainte, la soumission est très forte et peut nous amener à agir contre notre gré, nos valeurs ou nos sentiments.
Le scientifique fait donc autorité. Cette autorité lui est conférée par sa charge d’expert dans un domaine perçu comme rationnel et rigoureux. Mais elle se concentre également dans des signes extérieurs : la blouse blanche par exemple. Aussi le philosophe Blaise Pascal dénonce-t-il le rôle du costume dans l’autorité du juge :
(Pascal, Pensées, 1670)
Pour Pascal, s’ils font autorité, ce n’est pas par leur sagesse ou par leur science, mais par le prestige qui accompagne leur habit, ainsi que le lieu dans lequel ils évoluent (ici, le tribunal. Mais c’est également valable pour le laboratoire du scientifique).
En français, le mot « auteur » vient du latin auctor qui signifie « celui qui est à l’origine de, qui accroit, qui fonde », donc l’initiateur, le créateur, ou encore le responsable. Aujourd’hui, il désigne toute personne qui crée une œuvre, et à qui revient la propriété intellectuelle de cette dernière ainsi que sa responsabilité pénale (rappelons qu’un auteur peut être poursuivi pour ce qu’il a écrit).
Le statut d’auteur fut longtemps une notion floue. Les récits, contes et épopées ont longtemps circulé sans être signés. La notion d'auteur n'existe ni en Grèce ni au Moyen Âge. En effet, en Grèce, on valorisait plutôt la notion d’inspiration : l’aède déclame des vers qu’il reçoit de la Muse. À l’époque du Moyen Âge, les conteurs ne sont pas auteurs de leurs épopées ou romans : l’autorité provient de l’antériorité de la tradition, de la matière dans laquelle les conteurs puisent leurs sujets.
La notion d’auteur a été remise en cause au XXe siècle : sous l’impulsion de Marcel Proust (entre autres) dans Contre Sainte-Beuve, on a commencé d’une part à distinguer l’auteur et l’œuvre, et d’autre part à considérer l’œuvre littéraire comme un tout, indépendamment de son auteur et de ses intentions. En effet, l’explication et la critique littéraires se sont longtemps donné comme objectif de retrouver à travers le texte les intentions de l’auteur, alors qu’il n'est souvent pas là pour préciser ce qu'il a voulu dire. Cette conception a par la suite été critiquée parce qu’elle tombait facilement sous le coup de l’erreur (ou du biais) d’intentionnalité, qui consiste à attribuer à l’auteur des intentions et à interpréter le texte en fonction de ses propres intentions. À l’inverse, la critique moderne cherche à considérer l’œuvre comme un tout, qui peut se comprendre indépendamment de l’auteur, de sa biographie et de ses intentions. Certains auteurs refusent d’ailleurs d’expliquer leurs œuvres et condamnent ceux qui cherchent à tout prix à y retrouver des intentions.
Ce mot que certains pourraient considérer comme une invention, un néologisme inélégant ou choquant, cristallise de nombreux débats actuels sur la place de la femme dans la société. En France, le mot « autrice » est utilisé dès le XVIe siècle. Le rôle et l’importance des écrivaines ont souvent été amoindris ou tenus pour négligeables. Si bien que le mot finit par disparaitre au XIXe siècle, sous les coups de boutoir de l’Académie française et de tous ceux pour qui une femme devrait se consacrer aux travaux ménagers plutôt qu’à l’écriture. Par la suite, ce mot a été jugé laid ou dissonant, à l’instar d’autres noms de métiers prestigieux au féminin (doctoresse, ambassadrice, présidente...). Depuis le début du XXIe siècle, il a refait son apparition dans les dictionnaires, porté par le mouvement féministe.
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