Antigone : le résumé détaillé
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Toutes les références renvoient à
l'édition suivante : ANOUILH, Jean, Antigone, La table
ronde, 1946, Paris. ISBN 2-7103-0025-7
L'action se déroule en un acte unique dans la ville grecque de Thèbes, dans le palais royal de Créon en des temps lointains.
Cette pièce n'est pas divisée en acte ni en scène de façon explicite mais une structure est conservée grâce aux entrées et sorties des différents personnages.
Antigone se glisse pieds nus dans la maison et se fait surprendre par sa nourrice qui s'indigne de ce qu'elle croit être une escapade amoureuse. Antigone avoue un amoureux mais la rassure ensuite et explique son escapade par son besoin de découvrir la beauté d'un « monde sans couleur... qui ne pense pas encore aux hommes ». Elle affirme sa pureté et sa fidélité à Hémon.
Ismène arrive soucieuse et la nourrice va préparer du « café » (p. 21).
Ismène a réfléchi toute la nuit sur la conduite à tenir concernant son devoir fraternel, c'est-à-dire donner une sépulture au cadavre de son frère Polynice, tué lors du combat fratricide qui l'a opposé à Etéocle pour régner sur Thèbes ; qui enfreint radicalement l'ordonnance royale de Créon qui l'interdit, sous peine de mort.
Ismène redoute de mourir et donne un récit atroce de leur mort (p. 27) alors qu'Antigone se montre prête à braver l'interdiction au péril de sa vie. Elle refuse de « comprendre » et ne « veut pas avoir raison » (p. 25). Elle n'a pas « envie de mourir » mais refuse de se servir des prétextes de sa sœur pour changer d'avis. Elle se radoucit et convainc Ismène de retourner se coucher en lui offrant la possibilité de lui parler afin de la forcer à renoncer à son projet.
Antigone cherche du réconfort auprès de sa nourrice et redevient une petite fille qui n'a « plus peur » (p. 33). Elle lui délivre une sorte de testament concernant Douce, sa chienne et lui fait promettre de ne plus la gronder et de lui parler « comme à une vraie personne » (p. 35).
Antigone reçoit Hémon qu'elle aime et qui l'aime : ils sont fiancés et doivent se marier. Une allusion est faite à une dispute qu'ils ont eut la veille lors d'un rendez-vous où elle voulait s'offrir à lui pour être sa femme avant leur union officielle avec « une robe d'Ismène, ce parfum et ce rouge à lèvres » (p. 43).
Elle lui demande ensuite de partir sans la regarder ni lui poser de question après lui avoir avoué qu'elle ne l'épousera jamais et lui avoir conseillé de prendre Ismène pour femme. Elle le menace de se suicider et le jure « sur la tête du petit garçon [ qu'ils ont eu ] tous les deux en rêve, du seul petit garçon [qu'elle aura ] jamais » (p. 44).
Un garde, affolé, confirme la nouvelle à Créon après de nombreuses hésitations visant à expliquer sa présence et à détailler la scène. Ordre lui est donné de se taire et de retourner garder le cadavre. Il a peur et « sort en courant » (p. 52).
Le Chœur définit ce que doit être toute tragédie : quelque chose de « gratuit », « reposant », à l'usage exclusif des « rois » (p. 54-55).
Antigone entre, menottes aux mains, accompagnée de deux gardes qui discutent de leur promotion future, de leurs familles et de leurs sorties. Antigone est silencieuse et « demande d'une petite voix » à « s'asseoir un peu » (p. 59).
Créon est surpris de voir sa nièce dans cette situation et demande au garde de « lâcher cette jeune fille » (p. 60). Il veut savoir ce qu'elle allait faire près du cadavre de son frère et lui demande directement. C'est le garde qui répond « elle grattait la terre avec ses mains. Elle était en train de le recouvrir encore une fois » (p. 61). Créon doute du garde qui lui fait alors un récit précis de la scène. Créon demande confirmation à Antigone qui avoue immédiatement « oui, c'est vrai » (p. 63).
Une longue entrevue entre Antigone et Créon a lieu durant laquelle il fait tout pour sauver sa nièce. Il lui rappelle à quel point ses frères étaient des voyous et lui avoue qu'il ne sait même pas à qui il a offert une sépulture et qui est un héros pour Thèbes tant leurs corps « embrassés - pour la première fois de leur vie sans doute » (p. 89) étaient méconnaissables. Il découvre en Antigone l'orgueil d'Œdipe, son père (p. 68) mais essaie de lui prouver à quel point son geste est absurde puisqu'elle n'aurait pas supporté un enterrement « dans les règles », ce « passeport dérisoire » (p.72).
Consciente de sa supériorité, Antigone fait sentir à son oncle à quel point il a le « mauvais rôle » mais elle avoue, elle aussi, sa faiblesse (p. 73) : « je n'aurai pas toujours du courage ».
Il tente alors de se justifier dans son rôle de Roi comme d'un métier ordinaire auquel il a dit « oui ». Antigone, elle, est « là pour autre chose que pour comprendre. [ Elle ] est là pour […] dire non et pour mourir » (p. 82).
Cependant, elle est ébranlée par le portait très négatif que fait Créon de ses frères et s'apprête à regagner sa chambre quand Créon prononce le mot « bonheur » (p. 92).
Elle se reprend aussitôt. Que signifie le « bonheur » qui, à ses yeux, recouvre trop souvent l'égoïsme, la lâcheté et la compromission ? Elle refuse ce bonheur hypothétique trop soumis aux aléas pour la convaincre de vivre et se décide à mourir : « je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite - ou mourir » (p. 95).
Excédé, Créon use de sa force : « lui broie le bras, essaie de lui fermer la bouche » (p. 96-97) et la menace d'appeler les gardes.
Ismène arrive, pleine de courage : elle est décidée à aller avec sa sœur et même à mourir avec sa sœur, ce que cette dernière refuse car « ce serait trop facile » (p. 98).
La séparation est inéluctable puisque les choix effectués sont radicalement antithétiques : la vie pour Ismène et la mort pour Antigone. Cependant, Ismène assure qu'elle perpétuera le geste d'Antigone dès le lendemain, ce qui conforte Antigone dans sa position de supériorité.
Excédé, Créon appelle les gardes et leur ordonne d'emmener Antigone.
Hémon arrive pour implorer son père qui ne l'écoute pas et lui ordonne de l'oublier car « elle a préféré sa folie et la mort ». Le Chœur propose des solutions dérisoires comme la déclarer folle et la faire enfermer, la faire fuir mais Créon avoue son incapacité « je suis le maître avant la loi. Plus après. » (p. 102). Hémon se fait alors le juge de son père et refuse l'image qui découle de cette position : il veut pouvoir continuer à l'admirer comme lorsqu'il était enfant.
Or, c'est cela devenir adulte, devenir un homme : « regarder le visage de son père en face, un jour » (p. 105). Il s'enfuit en hurlant et le chœur fait une prédiction funeste : « il est parti, touché à mort. »
Le garde prévient que le peuple envahit le palais, Antigone veut être seule « jusqu'à ce que ce soit fini » et Créon donne des ordres allant en ce sens.
Antigone dicte, en échange d'un anneau en or, au garde resté près d'elle, qui est son « dernier visage d'homme », une lettre destinée à Hémon dans laquelle elle avoue ne plus savoir pourquoi elle meurt (p. 116). Elle demande également pardon : « sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles » (p. 116).
La discussion qui s'engage entre eux est engluée dans le quotidien du garde qui parle de la promotion dans les rangs de l'armée alors qu'Antigone est condamnée à mort. Le Garde lui dévoile (p. 111) comment elle va mourir : « pour ne pas souiller la ville de votre sang, ils allaient vous murer dans un trou ». Elle prend alors conscience que dans ce tombeau dans lequel elle sera enterrée vivante et qui lui servira de « lit nuptial », elle sera seule, ce qui l'effraie.
Le Chœur annonce la fin de la tragédie : « il va falloir qu'ils y passent tous » et un messager relate la mort d'Antigone qui s'est pendue et comment Hémon, ivre de douleur, qui tentait de la sauver s'est suicidé après avoir méprisé son père.
Les deux amants morts sont « couchés l'un près de l'autre » et « ont fini, eux », à la différence de Créon comme le lui rappelle le Chœur qui lui apprendra qu'Eurydice, sa femme, s'est tranché la gorge après avoir appris le suicide de son fils.
Seul désormais, Créon se rend à un conseil des ministres après s'être justifié auprès du page d'avoir fait cette « sale besogne ». Il délivre une réflexion sur l'enfance comme bonheur et innocence par manque de connaissance.
Le Chœur conclut cette tragédie sur les morts et leurs rapports aux vivants qui « vont commencer tout doucement à les oublier et à confondre leurs noms ». Et sur l'attente de la mort par Créon, les gardes continuent de jouer aux cartes et « le rideau tombe rapidement pendant que les gardes abattent leurs atouts. »
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