Alexis de Tocqueville (1805-1859) : biographie et bibliographie
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
« J'avoue que dans l'Amérique j'ai vu plus
que l'Amérique ; j'y ai cherché une image de
la démocratie elle-même, de ses penchants, de son
caractère, de ses préjugés, de ses
passions ; j'ai voulu la connaître, ne fût-ce
que pour savoir du moins ce que nous devions espérer ou
craindre d'elle. »
(De la démocratie
en Amérique, I, 1835)
Il compte au sein de sa famille des personnages illustres comme Malesherbes et René de Chateaubriand. Ses parents ont échappé de peu à la guillotine révolutionnaire. Son père exerce des fonctions politiques sous le Premier Empire (1804-1815) comme Pair de France et, sous la Restauration (1815-1830), comme Préfet.
Alexis de Tocqueville est éduqué par un précepteur dans un milieu où la nostalgie de l’Ancien Régime est forte. En 1820, il fréquente le Collège Royal de la ville de Metz où son père a été nommé Préfet. Ses lectures des philosophes des Lumières le conduisent à faire évoluer sa croyance religieuse et ses valeurs aristocrates.
De 1823 à 1826, il s’installe à Paris et effectue des études de droit. Avant d’entamer une carrière de magistrat à Versailles, le voyage rituel de fin d’études le conduit en Italie de 1826 à 1827.
De 1828 à 1830, la proximité avec Paris lui permet de suivre l’enseignement de François Guizot. Il commence à envisager une carrière politique. Il assiste en 1830 aux deux journées insurrectionnelles, non sans crainte pour sa famille. Même s’il prête serment au nouveau régime, son opinion est assez partagée entre le courant légitimisme fidèle à Charles X et l’orléanisme plus libéral de Louis-Philippe Ier qui permet à la bourgeoisie d’accéder au pouvoir.
Ses doutes le conduisent à s’interroger et à prendre du recul sur la situation politique française.
• En 1831, ce besoin de distance le conduit à quitter la France pour l’Amérique en compagnie de son ami Beaumont. Ils espèrent obtenir, grâce à ce voyage, les matériaux nécessaires à la rédaction d’un ouvrage qui leur permettra une certaine reconnaissance à leur retour en France. Ils obtiennent que leur voyage se fasse sous le couvert d’une mission officielle visant à étudier le système pénitentiaire américain. Ils s’embarquent, le 2 avril 1831, pour un voyage qui ne sera pas de tout repos.
Ils se rendent à New-York et sont accueillis dans la société mondaine dans laquelle ils réalisent leur enquête. Ils constatent le matérialisme particulièrement développé de la société du nouveau monde et la grande diversité du fait religieux. Mais ce qui va le frapper le plus, c’est le sens civique et patriotique de cette population. Ils conduisent leur enquête officielle sur le système pénitentiaire mais s’intéressent surtout au fonctionnement de cette société.
Ils vont étendre leur périple au Nord et à l’Ouest des États-Unis en visitant les villes de Buffalo et de Détroit. Ils feront la connaissance des populations amérindiennes en s’éloignant davantage de la civilisation européenne. Ils vont séjourner aussi au Canada découvrant les liens étroits existant entre la culture française et cette terre lointaine. Ils poursuivront leur voyage dans le sud et le termineront par Washington avant de rentrer en France en mars 1832.
• Au retour de son voyage, il s’engage dans une carrière politique et commence la rédaction du premier volume de l’ouvrage consignant ses réflexions De la Démocratie en Amérique publié en 1835 (le second volume paraîtra en 1840).
Il est élu à l’Académie des Sciences morales et politiques en 1838, puis est élu député en 1839. Dans ce régime voué aux intérêts de la bourgeoisie, Tocqueville ne voit guère de solutions aux problèmes politiques de la France. Il s’engage dans la défense de la liberté. Il rédigera trois rapports parlementaires sur la question de l’abolition de l’esclavage dans les colonies, sur la réforme du système pénitentiaire et sur l’Algérie. Il entreprend en 1841 un premier voyage en Algérie qu’il renouvellera en 1846. Après la Révolution de 1848, il participe à la rédaction de la nouvelle Constitution. Il sera ministre des Affaires étrangères en 1849.
Le coup d’État en 1851 de Louis Napoléon l’oblige à quitter la scène politique définitivement. Il termine sa vie par la rédaction de son dernier grand ouvrage De l’Ancien Régime et la Révolution qui demeurera inachevé à sa mort le 16 avril 1859.
La démocratisation entraîne pour Tocqueville une transformation des rapports sociaux : « Dans les démocraties, les serviteurs ne sont pas seulement égaux entre eux ; on peut dire qu'ils sont, en quelque sorte, les égaux de leurs maîtres ». Il explique ce changement par le fait que maîtres et serviteurs sont, dans une démocratie, dans le cadre d’un « accord momentané et libre de leurs deux volontés ».
• Tocqueville n’est pas un nostalgique de l’Ancien Régime, mais n’est pas pour autant un admirateur sans borne de la démocratie bourgeoise qui se met en place au début du 19e siècle en France. La principale préoccupation de Tocqueville est son interrogation sur les conséquences de l’égalité dans les sociétés démocratiques. Le système démocratique présente pour lui un certain nombre de risques qui peuvent se résumer dans la contradiction entre ce processus égalitaire et la liberté. Le gouvernement du plus grand nombre apparaît pour lui comme source de dangers potentiels pour la liberté.
Le processus de démocratisation et la toute puissance de la volonté de la majorité peuvent conduire selon lui au sacrifice des libertés. La première menace à laquelle conduit le processus d’égalisation des conditions est la tyrannie d’une législation uniforme et celle d’un pouvoir centralisé. Le processus de démocratisation fait courir le risque d’un despotisme de la majorité qui imposerait ses décisions à l’ensemble de la population. Toutes les opinions se valent dans ce régime de la volonté populaire, et la majorité s’impose comme le principe unique de décision.
Autre risque, au combien important, est le développement pour Tocqueville de l’individualisme démocratique : « Ainsi, non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains ; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur ». La « passion ardente » des hommes pour l’égalité peut ainsi les conduire à accepter une nouvelle forme d’esclavage, le despotisme démocratique. Le risque qui découle de cette passion est le repli sur la sphère privée et le désengagement des citoyens de la sphère publique.
Tocqueville proposera certaines solutions inspirées de son voyage pour remédier à cette contradiction entre liberté et égalité : la décentralisation des pouvoirs, le renforcement des libertés locales, la défense de l'indépendance de la presse, les associations, la protection des croyances religieuses, notamment.
• L’héritage de Tocqueville est important. Son œuvre s’inscrit dans la pensée libérale de la modernité. Il sera à l’origine des analyses portant sur le phénomène d’abstention politique et sur la crise de la représentation politique démocratique. Les critiques concernant la construction de l’opinion publique s’inspireront en grande partie de son œuvre. L’analyse du processus de moyennisation sera aussi portée à son actif.
Tocqueville, grâce à son voyage au cœur de la démocratie américaine, va mettre en évidence l’importance du processus de démocratisation dans le passage à la modernité. Ce processus inéluctable, et nécessaire selon lui, lui semble cependant porteur de menaces contre la liberté des hommes en société. Le despotisme démocratique qui repose sur la passion pour l’égalité risque de fragiliser le lien qui unit les citoyens au sein des sociétés démocratiques contemporaines en conduisant au sacrifice des libertés.
- De la démocratie en Amérique (Tome I, 1835 ; Tome II 1840)
- De l’Ancien Régime et de la Révolution (1856)
Des quiz et exercices pour mieux assimiler sa leçon
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des quiz et exercices en accompagnement de chaque fiche de cours. Les exercices permettent de vérifier si la leçon est bien comprise ou s’il reste encore des notions à revoir.
Des exercices variés pour ne pas s’ennuyer
Les exercices se déclinent sous toutes leurs formes sur myMaxicours ! Selon la matière et la classe étudiées, retrouvez des dictées, des mots à relier ou encore des phrases à compléter, mais aussi des textes à trous et bien d’autres formats !
Dans les classes de primaire, l’accent est mis sur des exercices illustrés très ludiques pour motiver les plus jeunes.
Des quiz pour une évaluation en direct
Les quiz et exercices permettent d’avoir un retour immédiat sur la bonne compréhension du cours. Une fois toutes les réponses communiquées, le résultat s’affiche à l’écran et permet à l’élève de se situer immédiatement.
myMaxicours offre des solutions efficaces de révision grâce aux fiches de cours et aux exercices associés. L’élève se rassure pour le prochain examen en testant ses connaissances au préalable.
Des vidéos et des podcasts pour apprendre différemment
Certains élèves ont une mémoire visuelle quand d’autres ont plutôt une mémoire auditive. myMaxicours s’adapte à tous les enfants et adolescents pour leur proposer un apprentissage serein et efficace.
Découvrez de nombreuses vidéos et podcasts en complément des fiches de cours et des exercices pour une année scolaire au top !
Des podcasts pour les révisions
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des podcasts de révision pour toutes les classes à examen : troisième, première et terminale.
Les ados peuvent écouter les différents cours afin de mieux les mémoriser en préparation de leurs examens. Des fiches de cours de différentes matières sont disponibles en podcasts ainsi qu’une préparation au grand oral avec de nombreux conseils pratiques.
Des vidéos de cours pour comprendre en image
Des vidéos de cours illustrent les notions principales à retenir et complètent les fiches de cours. De quoi réviser sa prochaine évaluation ou son prochain examen en toute confiance !