À la lumière d'hiver : Leçons, « Misère... », page 23
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
Philippe Jaccottet né en 1925 est un auteur de la modernité. Sa poésie remet en question les mouvements littéraires antérieurs et s’interroge sur sa fonction, son pouvoir et son rôle dans un monde dévasté par la guerre ou les bouleversements sociaux.
Le recueil revient sur des écrits antérieurs comme Le Livre des Morts jugé trop audacieux parce qu’il prétendait « guider les mourants et les morts », Leçons se présente comme une entreprise plus modeste et placée sous l’autorité du maître : « Que sa droiture garde ma main d’errer si elle tremble » (texte liminaire p.10). Le poète « abrité » et « épargné » devenant « lampe soufflée » écrit d’une main « tremblante » la déchirure insoutenable entre les vivants et les morts. (premier poème, p.11)
Texte et axe de lecture : ce poème bref et disloqué entre vers courts et longs, phrases elliptiques et développements, tente de nommer la violence de la mort autant qu’il dévoile la défaillance de la parole face à l’indicible (ce qui ne peut pas être dit). Il se situe au cœur d’une problématique de la poétique jaccottienne : dire l’innommable, lutter contre l’impuissance des mots face à la mort.
Doc. Le Cauchemar, Johann Henrich Fussli 1782 |
• Écrire la mort, par quels moyens ?
- Le détour d’une image : le contre-rejet de la proposition comparative, (dont le poids du vers mime l’image de la montagne massive par effet de choc de l’hendécasyllabe, vers de 11 syllabes, après un dissyllabe, de deux syllabes) approche l’innommable par l’image. Le déséquilibre mime l’écrasement, la mort violente accomplie.
- L’effacement du sujet parlant en généralisant l’atrocité de la condition humaine, par la communauté d’un « nous » qui gomme la réalité d’une mort individuelle ou la confrontation traumatique devant l’agonie d’un proche.
- La violence du verbe dont les sonorités brutales miment l’intention de destruction « écroulée ». La mort est une atteinte à l’intégrité physique, ce que sous-entend le participe rejeté en fin de vers, montrant le procès comme sans appel (aspect accompli du participe, dans la fulgurance).
L’antéposition du complément « sur nous » montre l’asphyxie de l’homme, son impuissance devant un rapport de force démesuré, face à « une montagne ». L’intégrité du corps ne peut rien face au paysage restant de l’ordre de l’idée, sans description (terme générique précédé d’un article indéfini). Demeure l’idée de masse incommensurable contre laquelle toute lutte est vaine. La montagne représente alors l’immobilité, l’étouffement, l’enfouissement sous terre autrement dit, l’inhumation.
- L'aspect accompli et inexorable : « Pour avoir fait pareille déchirure » : l’adjectif indéfini employé sans référent « pareille » (sans aucune description comparative) traduit l’ampleur de la blessure.
- Par l’ellipse et la rupture, inscrite dans les silences et les blancs typographiques, en suspens.
Les mots sont une approche, une approximation figurant l’indicible plus que le réel, d’où le recours aux images, à l’étrangeté et au malaise inscrits entre chaque strophe.
• Une approche par la négative
« Ce ne peut être » permet la négation d’un fantasme de dissolution gracile après la mort, d’où un refus d’une mort fantasmée dans la douceur, présents dans d’autres recueils « rêve… dissipe…nœud d’air ». Il y a refus d’un déni facile, comme le sous-entend l’adverbe d’atténuation « simplement ». La tournure d’hésitation retarde toute formule au présent de vérité générale qui s’avèrerait trop audacieuse.
• Une approche par opposition entre le monde aérien de l’abstrait et la réalité de la mort
La réalité de la mort est symbolisée par le fer, et le monde abstrait est représenté par l'air. Mettre à la rime « nœud d’air » et « fer tranchant » met en évidence cette volonté de recadrer et dire la réalité dans sa crudité au moyen d’images basées sur la blessure et l’allégorie de la faux. (La mort est en effet souvent représentée une faux à la main).
À la possibilité de résoudre dans la douceur (sonorités douce des mots de la famille « nœud-dénouer ») s’oppose la brutalité d’une réponse accentuée par l’adverbe d’intensité « si » Il y a dans cette opposition une dénonciation de l’aberration d’une fin de vie brutale.
• Un procédé de mesure et de modestie
Ce procédé est possible par les interrogations demeurant sans réponse comme si l’adresse à l’autre n’était qu’une parole hésitante, l’écho d’une interrogation intime en suspens, confrontée à un silence. L’interrogation est une marque d’hésitation, une tentative de définir l’indéfinissable, sans autorité.
Sous le couvert de l'expression de ces incertitudes, le poète dit :
- La vulnérabilité de l’homme dans un vocabulaire imagé et courant. L’expression « bourré de larmes » engage une tonalité emprunte d'anxiété. L’excès absolu, sous-entendu par l’adjectif « bourré de » suivi d’un pluriel place le destin de l’homme, réduit à la misère de sa condition et à la tristesse asphyxiante. Le motif des larmes comme écran brouillant la vision est présent dans le recueil et souligné par la position de l’homme « le front contre ce mur », à savoir confronté à ses limites. Acculé à la frontière de sa vie, l’homme est dépouillé de sa vision, de son avancée, incapable d’un « passage » vers autre chose.
- La condition humaine est considérée dans sa globalité, incluant l’expérience personnelle dans un pronom « tous » largement mis en valeur en position détachée, entre virgules, au centre du vers.
Il y a généralisation par l’indéfini « on » ou le « nous » dans la confrontation au réel et la leçon de vie, ou plutôt, la leçon de ténèbres.
- Le choc du réel est mis en évidence par la même opposition de l’abstrait (« inconsistance » évoquant le « rêve » qui « se dissipe » souligne le défaut de profondeur ou le refuge aveuglant dans l’évanescence) et le concret exprimé en des termes simples « la réalité de notre vie ». D’un rêve aérien, le poète et par conséquent le lecteur se confrontent à un choc d’une rare intensité.
L’effet de discontinuité du poème entre vers courts et longs, vers disloqués et enjambements donne un rythme boiteux et saccadé, laissant le malaise du lecteur s’installer, le malaise du locuteur se répandre, ouvrant sur un silence plus juste que les mots.
Des quiz et exercices pour mieux assimiler sa leçon
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des quiz et exercices en accompagnement de chaque fiche de cours. Les exercices permettent de vérifier si la leçon est bien comprise ou s’il reste encore des notions à revoir.
Des exercices variés pour ne pas s’ennuyer
Les exercices se déclinent sous toutes leurs formes sur myMaxicours ! Selon la matière et la classe étudiées, retrouvez des dictées, des mots à relier ou encore des phrases à compléter, mais aussi des textes à trous et bien d’autres formats !
Dans les classes de primaire, l’accent est mis sur des exercices illustrés très ludiques pour motiver les plus jeunes.
Des quiz pour une évaluation en direct
Les quiz et exercices permettent d’avoir un retour immédiat sur la bonne compréhension du cours. Une fois toutes les réponses communiquées, le résultat s’affiche à l’écran et permet à l’élève de se situer immédiatement.
myMaxicours offre des solutions efficaces de révision grâce aux fiches de cours et aux exercices associés. L’élève se rassure pour le prochain examen en testant ses connaissances au préalable.
Des vidéos et des podcasts pour apprendre différemment
Certains élèves ont une mémoire visuelle quand d’autres ont plutôt une mémoire auditive. myMaxicours s’adapte à tous les enfants et adolescents pour leur proposer un apprentissage serein et efficace.
Découvrez de nombreuses vidéos et podcasts en complément des fiches de cours et des exercices pour une année scolaire au top !
Des podcasts pour les révisions
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des podcasts de révision pour toutes les classes à examen : troisième, première et terminale.
Les ados peuvent écouter les différents cours afin de mieux les mémoriser en préparation de leurs examens. Des fiches de cours de différentes matières sont disponibles en podcasts ainsi qu’une préparation au grand oral avec de nombreux conseils pratiques.
Des vidéos de cours pour comprendre en image
Des vidéos de cours illustrent les notions principales à retenir et complètent les fiches de cours. De quoi réviser sa prochaine évaluation ou son prochain examen en toute confiance !