Comment apprendre à votre enfant à réagir face aux moqueries et au harcèlement scolaire ?
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Une fiche pratique pour l’aider à réagir aux moqueries et au harcèlement scolaire
Vous savez que le climat à l’école, au collège ou au lycée n’est pas toujours des plus positifs. Au cours de sa scolarité, il n’est pas impossible que votre enfant ait à faire face à des moqueries, du harcèlement scolaire, du racket ou de la violence. Vous aimeriez le préparer au mieux à ce genre de situations, afin qu’il sache les gérer avec affirmation et justesse.
Il se peut aussi que votre enfant ou votre adolescent soit souvent rabroué et chahuté à l’école par d’autres élèves. Vous aimeriez le conseiller, mais vous ne savez pas trop quoi lui dire : ignorer les moqueries ? taper en retour ? vous plaindre à la direction ?
L’objectif de cette fiche pratique est de vous donner des clés, pour lui apprendre à s’affirmer face à ces situations inacceptables.
Un cas pratique pour l’aider à réagir aux moqueries
Nos conseils pour l’aider à réagir au harcèlement scolaire
Soyez un repère pour votre enfant
Ne laissez pas une situation inacceptable (harcèlement, violence…) s’installer. Tolérer la violence, c’est la cautionner. Il est donc primordial que vous preniez position en tant qu’adulte-repère.
Prenez connaissance des faits et ne les amoindrissez pas. Par exemple, évitez de dire : « C’est comme ça. C’est la vie… ». Dites : « Leur comportement est inacceptable ». Le fait que vous preniez position pour votre enfant ou votre adolescent le conforte dans le fait qu’il vit une situation intolérable.
Renforcez sa confiance en lui
Un enfant qui est chahuté à l’école est souvent un enfant qui a une mauvaise image de lui-même. Il est donc important de l’aider à s’aimer davantage. Vous pouvez lui dire : « Quelles que soient les moqueries de tes camarades, moi je sais qu’elles ne sont pas vraies. Et toi, que ressens-tu ? »
Aidez-le à sortir de sa position de victime
Développez sa capacité à dire NON à la violence. Pour cela, dites-lui bien qu’il ne mérite certainement pas d’être moqué et chahuté et qu’il a le droit au RESPECT. Renforcez-le dans la valeur qu’il a de lui-même. Dites par exemple :
« Tu ne mérites pas ça. Personne n’a le droit de te manquer de respect », « Tu as beaucoup de valeur pour nous, tu le sais ? »
Expliquez-lui la différence entre l’affirmation et la réaction
Nous sommes hélas plus habitués à « ré-agir » (agir contre) qu’à nous affirmer. L’agressivité (se moquer, taper en retour…) est un exemple de réaction qui n’aboutit en général qu’à une escalade de la violence. Subir sans rien dire n’est pas non plus une réaction appropriée, car elle est basée sur le non-respect de soi-même.
Toute réaction (agressivité, fuite, évitement…) est basée en profondeur sur une émotion négative. À l’inverse, l’affirmation est basée sur le respect de soi. S’affirmer, c’est dire STOP à une situation injuste et inacceptable, avec fermeté, sans énervement ni débordement émotionnel.
Intervenez si vous mesurez que la situation n’est pas gérable par votre enfant seul
Essayez de prendre la mesure de la situation et s’il vous paraît approprié d’intervenir (difficulté de votre enfant face au nombre de camarades, violences inacceptables, racket…), demandez un rendez-vous avec l’enseignant et/ou la direction. Il est important que votre enfant/adolescent vous accompagne à ce rendez-vous pour plusieurs raisons :
- parce qu’il est au cœur du sujet (ce sera d’ailleurs à lui d’exposer la situation),
- parce que le fait de vous voir prendre position pour lui dans cette situation face à l’autorité de l’établissement va renforcer son estime de soi et son respect de lui-même.
Étapes
1. Prenez connaissance de la situation de la façon la plus factuelle possible
Il est important pour votre enfant d’en parler. S’il ne partage pas spontanément la situation avec vous, allez vers lui et amorcez la discussion. Posez des questions : « Que s’est-il passé ? », « Comment as-tu réagi à la situation jusqu’alors ?»
Faites reformuler par votre enfant ses éventuels jugements de valeur en observations. Par exemple : « Ils s’attaquent toujours à moi, c’est toujours moi qui en prends plein la figure ! » devient « À chaque sortie de cours, ils se moquent de moi et parfois ils me bousculent ».
2. Explorez les solutions ensemble
Trouvez ensemble une solution, qui soit respectueuse de votre enfant et de ses camarades. Faites reformuler. Précisez le lieu, le moment, la façon de dire. Valorisez la solution trouvée.
3. Faites un suivi de la situation
Assurez-vous que votre enfant gère bien la situation et que celle-ci se résout.
Notre réponse au cas pratique pour l’aider à mieux réagir aux moqueries et au harcèlement scolaire
Lucie rentre du collège accablée. Son père, François, devine à son air qu’elle a encore été « victime de la méchanceté de certains camarades de classe ». Il est décidé à l’aider.
François : Lucie, j’aimerais te parler. As-tu un peu de temps maintenant ?
Lucie : Oui.
François : Je sais que tu vis des moments difficiles au collège et il me semble important qu’on en parle.
Lucie : Si tu veux. (Elle souffle.)
François : Tu m’as dit plusieurs fois que tu en avais marre du collège, parce que certains élèves se moquaient de toi. C’est bien ça ?
Lucie : Oui. Ils s’en prennent tous à moi, alors que je ne leur ai rien fait (jugement de valeur) !
François : Que se passe-t-il exactement et que disent-ils (recherche factuelle) ?
Lucie : Ils disent tous que je suis moche, que je suis trop grosse, que je ressemble à une grosse vache. (Les larmes montent.)
François : Ils disent tous ça ?
Lucie : Euh non, les filles surtout.
François : Quelles filles ?
Lucie : Le groupe des quatre.
François : Qu’est-ce que ça te fait quand elles te disent ça ?
Lucie : J’ai envie de les étrangler (réaction), mais comme elles sont quatre, je m’écrase.
François : Mais au fond de toi, qu’est-ce que tu ressens quand elles te disent ça ?
Lucie : Ben… ça me fait mal.
François : Parce que tu crois ce qu’elles disent ?
Lucie : Ben, c’est vrai que je suis un peu grosse.
François : Et alors ? Est-ce que ça leur donne le droit de te traiter comme elles le font ? Leur comportement est inacceptable. Crois-moi, ma fille n’est pas une grosse vache ! Tu es très bien comme ça et moi je t’aime comme ça (valorisation).
Lucie : Merci.
François : C’est vraiment important que tu t’affirmes, tu ne mérites pas que le « groupe des quatre » dise ça de toi !
Lucie : Oui, j’ai envie de leur dire qu’elles sont nulles (réaction) !
François : C’est vrai tu pourrais dire ça, mais ça risque de ne pas arranger les choses…qu’en penses-tu ?
Lucie : Tu as raison, ça les énerverait encore plus. Donc, je fais bien de ne rien dire (fuite)…
François : Non, c’est important que tu leur signifies que tu ne veux plus entendre de remarques de ce genre ! Est-ce que tu es prête à leur dire ?
Lucie : Oui, mais elles vont me répondre et se moquer encore plus de moi.
François : Peut-être, mais ce n’est pas une raison pour les laisser dire. Tu mérites d’être respectée, n’est-ce pas ?
Lucie : Oui, tu as raison. Je vais leur dire.
François : Comment vas-tu leur dire ?
Lucie : Je vais leur dire : « Je ne vous permets pas de m’appeler « grosse vache » et je ne suis pas une grosse vache ! » (affirmation).
François : Super ! Redis-le encore. (François sent que Lucie est encore hésitante et qu’elle n’a pas l’habitude de s’affirmer.)
Lucie (avec plus de conviction) : « Je ne vous permets pas de m’appeler « grosse vache » et je vous demande d’arrêter immédiatement ! »
François : Encore mieux ! Je pense qu’elles vont t’entendre, surtout si tu y mets cette énergie-là.
François : Quand vas-tu leur dire ?
Lucie : Dès demain.
François : Je suis fier de toi, Lucie ! Et content que nous ayons trouvé une solution à ce problème. Si tu as besoin d’aide, je suis là. Tu me diras comment ça s’est passé (suivi) ?